Phénomène intrigant s'il en est un, l'été des Indiens traîne dans son sillon un aura de mystère… Comme un dernier soubresaut de l'été au moment où on ne l'espère plus, cet intermède de températures clémentes en automne a fait chanter nombre de poètes et soupirer d'aise bien des tempéraments frileux. Un peu comme si le temps, déjouant toute logique, se permettait un petit écart pour nous permettre de faire le plein d'énergie avant les rudes secousses de l'hiver...
Caractéristiques de l'été des Indiens
L'été des Indiens est un phénomène climatique se produisant dans le centre et l'est de l'Amérique du Nord. Il survient entre le début du mois d'octobre et le milieu du mois de novembre lorsqu'une période de températures anormalement douces suit les premiers gels et temps froids de l'automne.
Mais attention! Ne peut prétendre à ce titre le premier temps doux venu. Pour qu'il y ait « été des Indiens », certains critères doivent être respectés. Ainsi, si cette période n'est pas précédée de gel, on ne peut la qualifier d'été des Indiens. Autre pré-requis : cette période doit également durer au moins trois jours. Le temps est alors calme, le vent léger, l'air sec. On ne comptera que peu ou pas de précipitations, soit moins de 5 mm de pluie dans une même journée, et le soleil brillera malgré des matins parfois brumeux et des nuits souvent froides.
La nature ne nous fait pas ce cadeau tous les automnes mais lorsqu'elle s'y met, elle peut parfois nous gratifier de deux, voire même de trois étés des Indiens dans la même année. On compte en moyenne un été des Indiens aux deux ans dans la région de Montréal alors que, plus au nord, il se laisse davantage désirer.
Causes météorologiques
Des zones de haute pression stagnantes ou se déplaçant très lentement sont à l'origine du phénomène de l'été des Indiens. Un anticyclone s'installe d'abord sur la côte est des États-Unis. La circulation des vents se faisant dans le sens horaire autour de l'anticyclone, ils entraînent donc dans leur mouvement la chaleur et l'humidité des états situés plus au sud pour ensuite projeter cette chaleur et cette humidité vers nous.
La brume ou le brouillard matinal s'explique par le contact de l'air chaud et humide provenant du Golfe du Mexique avec l'air frisquet de nos nuits automnales. S'en suit, au sol, la condensation nécessaire à la formation de la brume ou du brouillard.
Petite histoire de l'été des Indiens…
Certaines parties de l'Europe bénéficient d'un phénomène semblable. À un détail près toutefois : là-bas on parlera plutôt de l'été de la Saint-Luc, l'été de la Saint-Martin, l'été de la Toussaint, l'été de la Saint-Denis, l'été de la Saint-Géraud, l'été de l'aïeule ou même… de l'été des bonnes femmes!
De ce côté-ci de l'océan, le terme « été des Indiens » existe depuis au moins deux siècles. Utilisé pour la première fois en Pensylvanie, il s'est propagé à la Nouvelle-Angleterre et ensuite au Canada, où il aurait fait son apparition vers 1821. Il est généralement admis que l'expression tire son origine du fait que les Amérindiens profitaient de cette période pour terminer leurs récoltes, faire leur réserve de provisions et préparer leurs quartiers d'hiver. Comme ils chassaient leur pitance jusqu'à la dernière minute, si jamais la nature omettait de leur faire cadeau de cette période clémente à l'automne, ils devaient alors se résigner à un hiver de vaches maigres…
Vous nous l'avez demandé
Peut-on prévoir l'été des Indiens?
Il est impossible de prévoir, longtemps d'avance, un été des Indiens. Évidemment, on peut prévoir à court terme l'arrivée d'une période de températures particulièrement chaudes, tout comme il est possible de savoir s'il y a eu ou non un gel auparavant, mais cet intervalle de beau temps durera-t-il assez longtemps? Présentera-t-il tous les critères caractéristiques de l'été des Indiens? Seul un devin ferré dans les présages occultes se risquerait à le prédire plusieurs semaines à l'avance…
Est-ce qu'en allongeant la période estivale, le réchauffement climatique risque de provoquer la disparition de l'été des Indiens?
Pour ça, il faudrait d'abord assister à la disparition du gel, ce qui ne risque évidemment pas de se produire dans un avenir prévisible sous nos cieux nordiques. L'effet plus probable d'un réchauffement des températures serait plutôt de retarder l'arrivée de l'été des Indiens en prolongeant la saison estivale un peu plus longtemps.
Saviez-vous que…
Montréal a connu son été des Indiens le plus tardif il y a près de 50 ans alors que la région a profité d'une température exceptionnellement clémente du 18 au 20 novembre 1953.
De 1968 à 1973, la région de Sherbrooke a bénéficié d'un été des Indiens à tous les ans durant six années consécutives.
Toujours dans la région de Sherbrooke, on a compté huit jours d'affilée affichant une moyenne de température de 23,5°C, soit du 11 au 18 octobre 1947. La journée du 17 inscrivant même une température moyenne de 28°C!