LA NOUVELLE-ORLEANS (AP) -- Il y a deux siècles, le 20 décembre 1803, Napoléon cédait la Louisiane, territoire alors beaucoup vaste que l'Etat actuel, au président américain Thomas Jefferson pour la modique somme de 80 millions de francs de l'époque (185 millions d'euros). Un bicentenaire boudé à la fois par George W. Bush et par Jacques Chirac, au grand regret des organisateurs.
suite de l'article.....Ah si la France avait gardé la Louisiane, aujourd'hui la moitié du monde parlerait français! Paris et Londres se seraient partagé la planète. Grâce à leur empire des Indes, les Anglais seraient restés les plus puissants à l'Est. Mais les Français auraient contrôlé l'Ouest et l'Amérique hispanophone, qui s'est toujours plainte d'être «trop loin de Dieu et trop près des Yankees», connaîtrait un moindre mal: la domination d'une grande sœur latine.
Bien sûr, cela supposait que Napoléon, refusant les 15 millions or de Jefferson, abandonne sa stratégie européenne et choisisse le grand large. C'était d'ailleurs le sens de la mission assignée au général Leclerc, mari de Pauline Bonaparte. Après avoir rétabli l'ordre à Saint-Domingue où Toussaint Louverture avait proclamé l'indépendance, ce héros des campagnes d'Italie devait être rejoint par «l'expédition Flessingue» qui, partie de Hollande, devait ajouter 3 000 hommes et 12 navires aux 20 000 soldats de Leclerc. Une fois assurée sa base arrière dans les Antilles, ce corps expéditionnaire serait allé renforcer les maigres garnisons de Louisiane. Mais la fièvre jaune fit de tels ravages dans les rangs français que Bonaparte fut contraint de renoncer.
Du coup, le futur empereur se serait trouvé contraint de faire la guerre aux Américains pour les chasser de la côte atlantique et, ainsi, ouvrir d'autres ports que la Nouvelle-Orléans à ses lignes de communication avec la France. Ensuite, il aurait dû retourner ses armes contre les Espagnols, qui contrôlaient tous les territoires à l'ouest des Rocheuses, et les refouler, comme le firent les Etats-Unis trente ans plus tard, vers le Mexique. Dans la foulée, Napoléon aurait peut-être cherché à reprendre aux Anglais le Québec pris à Louis XV par les «maudits Anglais».
Aguerris par des années de bataille sur tous les fronts de l'Europe, les soldats français auraient eu moins de mal à conquérir les espaces vides du Nouveau Monde qu'à s'emparer de Berlin, Vienne ou Moscou. Mais ils n'auraient quand même pas échappé à une explication avec la Russie qui propriétaire de l'Alaska, se résigna à la vendre aux Etats-Unis en 1867: pour la moitié du prix de la Louisiane.
Bien sûr, les Etats-Unis de l'Amérique française auraient fini par se séparer de leur mère patrie comme, au fil des années, les dominions blancs se détachèrent de Londres. Mais, à l'exemple des troupes d'Australie et de Nouvelle-Zélande, volant au secours des Tommies britanniques enlisés sur la Somme et aux Dardanelles, ce sont les régiments francophones de Chicago et de San Francisco qui seraient accourus en France en 1917. Quant au général Gavin qui, le 6 juin 1944, sauta sur la Normandie avec les parachutistes de sa 82e division, il n'aurait pas eu pour prénom James mais Jean.
La Nouvelle-Orléans, devenue la capitale de l'Occident serait courtisée par tous les chefs d'État et tous les chefs d'entreprise, avides les uns d'acheter des chars Leclerc, baptisés évidemment du nom du vainqueur de Saint-Domingue, et les autres des ordinateurs de la firme Microdoux, fondée par le fameux M. Portail. Surtout, les Britanniques seraient unanimes à s'indigner du recul de leur langue devant l'invasion du franglais. Seul problème: Tony Blair, dénonçant l'invasion de l'Irak par les Français des deux rives de l'Atlantique traiterait Jacques Chirac de «caniche de l'Amérique».
La question est donc posée: plutôt que la Louisiane, Napoléon n'aurait-il pas mieux fait de vendre sa Corse?
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