
La vérité selon Cantat (21/02/2004)
Le journal français Le Parisien a dévoilé, hier, la version que Bertrand Cantat a donnée au juge français sur le drame
VILNIUS Le parquet de Vilnius a délivré, avant-hier, l'acte d'accusation à l'encontre de Bertrand Cantat. Comme cela avait déjà été annoncé, le chanteur de Noir Désir sera jugé pour homicide involontaire. Dans le même temps, le quotidien français Le Parisien révélait la version que Bertrand Cantat avait donnée le 21 août 2003 à la juge d'instruction française Nathalie Turquey. Il s'agit de la confession la plus récente et la plus complète livrée par le meurtrier présumé de Marie Trintignant.
Va chez ta femme. «Quand nous sommes retournés à l'hôtel, il ne s'est rien passé pendant dix ou quinze minutes. Nous avons pris un bain, mis de la musique. Au bout d'un moment, j'ai encore posé la question à Marie, parce que cette question restait sans réponse et m'accablait. J'ai pensé que nous aurions résolu ce problème avant d'aller nous coucher. (...) Le ton de la discussion était déjà élevé. J'ai posé la question avec insistance. (...) Elle n'a rien répliqué, puis s'est mise à me parler en me disant: Va chez ta femme. (...) J'ai essayé de continuer une conversation normale, mais elle est devenue complètement hystérique et répétait sur tous les tons: Va chez ta femme.»
Elle m'a donné un coup de poing. «Elle ne se contrôlait plus. (...) D'abord, Marie m'a donné un coup de poing. Ensuite, elle s'est agrippée à moi. Je l'ai agrippée. Elle me griffait à la poitrine, le cou. Je ne peux dire exactement à quel moment les ecchymoses ont été faites. Elle m'a donné un coup de poing sur la lèvre inférieure. La lèvre a été incisée à l'intérieur. J'ai senti le sang couler, mais je n'ai pas eu tellement mal. J'étais plutôt stupéfait par le fait que cela puisse se passer.»
Je suis devenu furieux. «Après ce coup de poing, elle s'est jetée sur moi. Il est possible qu'elle m'ait saisi par les vêtements. Près de la poitrine. Ensuite, j'ai saisi Marie à mon tour par les vêtements car ils étaient déchirés. Je ne me rappelle pas exactement, mais lorsque Marie s'est jetée sur moi, peu après, je suis tombé, je crois que c'est parce que j'ai perdu l'équilibre. (...) J'ai cogné mon dos contre le chambranle de la porte qui mène dans la chambre, devant la salle de bains. J'ai eu très mal à la colonne vertébrale. (...) Après ce choc, je suis devenu furieux.»
Je lui ai donné de fortes baffes. «Marie, même après cela, n'a pas arrêté de crier. Pris de furie, j'ai donné de fortes baffes à Marie. Elle se tenait debout dans l'encadrement de la porte de la salle de bains. C'étaient des baffes fortes. Je portais deux bagues à la main, sur le majeur et l'annuaire. (...) Marie se tenait debout dans l'encadrement de la porte en me faisant face, tournée vers la petite chambre. Je lui ai donné des baffes du plat de la main. (...) C'était des gifles vraiment fortes, très fortes. Ca s'est passé très vite.»
Je voulais la faire taire. «Il est possible que la tête de Marie ait heurté le chambranle. (...) Je ne peux pas dire exactement où je l'ai frappée. (...) J'en avais assez de tout cela, je voulais la faire taire. C'est pour cela que je lui ai donné des gifles. Après les gifles, j'ai saisi Marie. Nous nous sommes agrippés l'un à l'autre. Je l'ai traînée dans le salon. Nous avons buté sur la petite table où il y avait une lampe, qui est tombée et s'est cassée. Pendant que je la traînais, Marie tremblait, la tension n'était pas encore passée. (...) J'ai perdu l'équilibre et j'ai jeté Marie sur le sofa.»
J'ai essuyé le sang sur son visage. «Quand je suis retourné dans le salon, Marie était tombée du sofa, sur le plancher. Sa tête était du côté de la fenêtre, au fond de la pièce. Sa respiration était profonde. J'ai d'abord essuyé le sang. Elle était couchée sur le dos. (...) Marie dormait. J'ai essayé de la réveiller en lui tapotant les joues. Son sommeil était très profond. Elle respirait normalement. J'ai essuyé le sang sur son visage.»
J'ai vu qu'elle respirait. «J'ai appliqué des glaçons. J'ai porté Marie dans la chambre, après l'avoir déshabillée. Elle ne s'était pas réveillée parce qu'elle avait bu. Cela ne m'a pas surpris. Il m'était déjà arrivé de la porter dans son lit. (...) J'ai couché Marie sur le lit. Je ne me rappelle plus exactement. J'ai ramassé les débris de la lampe. Peut-être que j'ai remis en ordre le tapis et la couverture du lit. J'ai vu qu'elle respirait. Je ne pensais pas que son état était grave.»
Mathieu Ladevèze
© La Dernière Heure 2004