j'ai toujours pensé que faire des bilans c'était dangereux, de toute façon moi et les chiffres

mais lorsque je regarde en arrière ou que je me vois dans un miroir, je vois la jeune fille que j'étais et je la regarde avec tendresse, un peu comme une mère regarde sa fille : je me suis trompée souvent, j'ai aimé beaucoup et j'ai appris pleins de choses - j'ai accompli un très joli parcours, dont je suis fière, même s'il peut paraître banal.
J'ai lutté et manifesté contre l'injustice, j'essaie de poursuivre cela d'ailleurs.
Ce qui est sûr, c'est que tout ce que j'ai voulu dans la vie, je me le suis donné : un boulot épatant (après quelques années de stupides tâches), un amour épatant pendant 25 ans (après deux erreurs ridicules qui ont failli me dégoûter à jamais des hommes

), deux chouettes garçons (bon, je ne voulais que des filles, mais le régime spécial n'a pas fonctionné

).
J'ai été forte et faible, rigolote, sérieuse, méchante et gentille, lâche et courageuse, bref j'ai été moi même, je suis une amie fidèle et une bonne copine dont l'épaule est toujours prête pour accueillir le chagrin, on me dit généreuse et j'essaie de l'être.
Il y a eu des larmes, des cris, mais tellement plus de rires, de tendresse, d'apprentissages.
Il y a seulement une chose que je n'ai jamais voulue et qu'hélas j'ai eu aussi : je n'ai pas été assez forte contre la maladie et la mort et j'ai perdu l'amour de ma vie. Mais cela m'a apporté la sérénité face à la mort, la compassion face à la souffrance.
bref, lorsque la future petite vieille dame que je vais devenir regarde la petite jeune femme que j'étais, j'ai beaucoup d'affection pour elle.
(je ne parle pas de mes parents, ils n'ont jamais caché qu'ils ne me supportaient pas : normal, ils se détestaient, pour l'un j'étais systématiquement le portrait négatif de l'autre ! je les plains, car ils n'ont jamais compris qu'ils avaient une chouette fille et ils ont préféré me virer de leurs vies)