404 Marocains, détenus parfois depuis plus de vingt ans, ont été relâchés jeudi en Algérie • Rabat refuse toujours l'indépendance du Sahara occidental, lui préférant «l'autonomie» •
Par Libération.fr
jeudi 18 août 2005 (Liberation.fr - 17:43)
es 404 derniers prisonniers de guerre marocains détenus par le Front Polisario ont été relâchés, jeudi matin, dans le sud-ouest algérien, à Tindouf. Pour certains, c'est la fin de plus de vingt ans de calvaire. Ils devraient arriver dans la soirée au Maroc, à Agadir, accompagnés par le Comité international de la Croix-Rouge.
«Justice a été rendue», s'est exclamé le porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdellah, à l'annonce de cette libération, saluant «la pression internationale» qui l'a rendue possible, notamment la médiation des Etats-Unis. L'opération a en effet été supervisée par le sénateur américain Richard Lugar, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, à la demande du président George Bush qui s'est félicité de cette libération.
Depuis 1975 et le début de la lutte du Front Polisario pour l'indépendance du Sahara occidental, près d'un millier de Marocains avaient été fait prisonniers. Ces derniers mois, Rabat avait multiplié protestations et démarches, notamment en Europe et aux Etats-Unis, pour obtenir la libération de «tous les prisonniers», en dénonçant «le chantage» et «les libérations au compte-gouttes», en allusion aux précédentes libérations partielles, notamment en 1987. Depuis trente ans, le conflit dans cette ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975 empoisonne les relations algéro-marocaines car Alger soutient les combattants indépendantistes.
Fin juillet, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a tenté de relancer la recherche d'une solution au conflit en nommant l'ancien ambassadeur néerlandais aux Nations unies, Peter van Walsum, comme son envoyé personnel au Sahara Occidental. Mais le Front Polisario campe sur ses positions. Il réclame toujours l'indépendance du Sahara occidental alors que Rabat ne lui propose qu'une «large autonomie» sous la souveraineté marocaine, estimant que l'organisation d'un référendum d'autodétermination dans le territoire est devenue «obsolète».
Jeudi, Richar Lugar a rappelé que les Etats-Unis, soucieux de voir s'apaiser les tensions entre l'Algérie et le Maroc, étaient pour une solution politique «dans le cadre de l'ONU» du conflit du Sahara occidental.