Et voici, le CV d'un dictateur pas comme les autres
Saddam Hussein est un monument.
Un monument de connerie sanglante, bien sûr!
Petit CV d'un dictateur
En 1919, Anglais et Français se partagent l'empire Ottoman au traité de Versailles.
Ils en profitent pour fabriquer un nouvel état qu'ils pensent pouvoir dominer facilement
en y fourrant Kurdes, Chiites et Sunnites, selon le principe éprouvé des Britanniques:
"Diviser pour mieux régner."
Ils en détachent le Koweit
(qui, effectivement, devrait appartenir à l'Irak: sur ce point, Saddam a raison!),
puis installent sur le trône une famille de fantoches,
qui, dans ces conditions, ne peut régner que par la force.
Tout cela n'est pas la faute de Saddam: il n'était pas né!
Tout jeune, le petit Saddam clamait que son modèle était Staline.
Il a tout fait pour le surpasser!
Rappelons rapidement quelques étapes de sa superbe carrière:
En 1958 le général Kassem prend le pouvoir par un coup d'état
avec l'aide de Saddam
et pour être bien sûrs de le garder
ils massacrent les membres de la famille royale.
Pour être bien sûr qu'ils ne reviendraient pas,
les corps sont déterrés, déchiquetés et les têtes servent de balles à la populace.
Ce n'est pas sa faute: il aime le football et pas les royautés.
En 1959 il tente une premièr fois d'assassiner Kassem,
mais rate son coup: il doit fuir en Jordanie puis en Egypte.
Accueilli les bras ouverts par Nasser,
il fait son apprentissage de futur dictateur:
en 1960 il assassine un Egyptien en le jetant par la fenêtre
et en 1963 il tue un compatriote avec son poignard.
Ce n'est pas sa faute: il fallait qu'il se fasse la main avant de prendre le pouvoir.
Entre-temps, il s'instruit et découvre une admiration sans bornes
pour les méthodes de gouvernement de Staline.
En 1964, revenu secrètement en Irak, il tente d'assassiner le Président Aref,
mais rate à nouveaucon coup. Il fuit une nouvelle fois en Jordanie
mais finit par se faire bêtement capturer en retournant en Irak.
En 1966 il s'évade.
En 1968, il réussit enfin son coup d'Etat
et prend le pouvoir avec Ahmed Hassan al-Baker
qui se sauve juste à temps en 1979, avant d'être assassiné par les sbires de Saddam.
Ce n'est pas sa faute, il ne fait confiance à personne.
Comme il y a comme de l'impopularité dans l'air,
il organise le 28.7.1979 (2 semaines plus tard)
une séance à grand spectacle, au cours de laquelle
21 de ses plus fidèles amis sont arrêtés,
puis fusillés 8 jours plus tard sans procès
(tout le monde savait qu'ils étaient innocents du complot dont on les accusait,
mais le but était justement de faire comprendre qui il est à la population.)
S'en suit une purge stalinienne
dans les rangs de son parti (le Baas), la Sécurité, l'armée, l'armée populaire, les syndicats,
les unions d'étudiants, les associations professionnelles, etc., etc.
On emprisonne, on torture et on fusille à tour de bras.
Ce n'est pas safaute, il aime bien s'amuser.
Pour ne pas perdre la main, il fait assassiner ses deux gendres, qui occupaient des postes élevés.
C'est Barzan (aujourd'hui ambassadeur auprès des Nations Unies à Genève)
qui se charge de la basse besogne.
Ce n'est pas sa faute, il n'aime pas qu'on le contredise.
Saddam n'a rien d'un népote:
si son demi frère Watban est Ministre de l'Intérieur,
si un autre demi-frère Sabami est son chef de cabinet,
si son troisième demi-frère, Banazan demeure à Genève pour veiller aux Finances,
si son fils Oudaï (brute demi-illettrée) est rédacteur en chef du principal journal, Babel,
et chef du syndicat des journalistes après avoir été celui de la Sécurité,
si son autre fils Kousai est chef de l'OSS (Organisation de la Sécurité Spéciale)
et de la Garde Républicaine,
si son gendre Hussein Kamet est Ministre de l'Industrie (et de l'industrie militaire!),
si son autre gendre Saddam Kamel est Président du Département de la Sécurité,
c'est seulement parce qu'ils sont les meilleurs, chacun à son poste.
Ce n'est pas sa faute: il a l'esprit de famille.
Les autres membres de sa famille, bien que mafieux insignifiants,
occupent de très hauts postes un peu partout.
Leur activité principale actuelle est de piller l'Irak après avoir pillé le Kuwait.
Ils ne font qu'imiter le fils à son papa, Ousai, qui traffique de tout avec la mafia russe:
contrebande, drogue, voitures, etc.
(et son papa Saddam quiencaisee 10% sur toutes les ventes import/export du pays
payable sur une banque bien connue à Genève).
En plus, Ousaï a trouvé une occupation:
revendre sur les marchés irakiens et jordaniens les médicaments et la nourriture offerts par les ONG.
Pour cela il utilise volontiers son titre de Président du Comité Olympique.
Son fils Ali, que Saddam a eu de sa deuxième épouse,
est trop jeune pour participer à toutes ces festivités.
Ce n'est pas sa faute, personne ne lui a expliqué que ce n'était pas bien.
Ne vous étonnez pas de toutes ces gardes et comités de Sécurité:
c'est seulement pour protéger Saddam de l'enthousiasme délirant de ses sujets
qui viennent de voter à 100% des inscrits (et donc des votants!!!) aux dernières élections.
C'est la raison pour laquelle il n'a pas moins de 8 sosies
qui ont été retouchés par la chirurgie esthétique
et prennent des cours de gestuelle pour mieux lui ressembler
(ce qui lui donne une rare capacité d'ubiquité:
on le trouve parfois à 3 endroits différents du pays en train de faire des discours ou d'inaugurer ceci ou celà.
Ce n'est pas sa faute, il tient beaucoup à la vie (la sienne, surtout).
Ces précautions ne sont peut-être pas inutiles:
son fils aîné Oudai, 39 ans aux prunes,
a reçu dans un attentat pas moins de 30 balles dans le corps
et n'a été sauvé que par les chirugiens français venus tout spécialement pour cela.
Cela explique qu'il soit parfois un peu nerveux,
au point d'avoir abattu en 1988 un de ses gardes du corps avec son pistolet,
ou de décapiter "pour l'exemple" des femmes dans la rue,
à moins de les violer chez lui.
Ce n'est pas faute: les enfants sont parfois incontrôlables.
Au fond, Saddam n'a qu'un seul petit travers (si petit!)
il fait fusiller cameramen et photographes qui le prennent sous son mauvais profil.
Ce n'est pas sa faute, personne n'est parfait.
En 1959, la France prend la place des Anglais
et rafle les contrats commerciaux:
60 Mirages F1 et une centrale nucléaire pour commencer.
Nos sociétés pétrolières s'installent.
Jacque Chirac, Premier Ministre,
donne du "cher ami" à Saddam Hussein.
Le "meilleur économiste" français, Raymond Barre, prend la place de Jacques Chirac,
et, en bon économiste, fait prospérer les affaires...
Ce n'est pas sa faute: il a le sens du business.
Plus tard, Saddam tente d'envahir l'Iran (pour lui chiper son pétrole)
Mitterrand ajoute aux 60 Mirages F1
6 Super-étendards avec 20 (peut-être 100) exocets,
des canons, des tanks, des obus, des fusils, des munitions:
depuis qu'on ne fait plus la guerre aux Allemands, on a des surplus.
Résultat: 8 ans de guerre et 2 millions de morts bien répartis des deux côtés.
Ce n'est pas sa faute: il aime le pétrole.
Il se fait livrer la centrale nucléaire promise par... les Français!
Pas pour le pétrole: pour se faire quelques petites bombes.
Les Israéliens bombardent la chose, les Français veulent la reconstruire,
(business is business).
mais les Israéliens re-bombardent: Saddam abandonne provisoirement.
Les Israéliens sont méchants,
Ce n'est tout de même pas sa faute, s'il aime les bombes atomiques.
Saddam se consacre alors aux armes chimiques et biologiques.
Les Allemands lui construisent bien volontiers les usines nécessaires
et les Américains livrent le know-how.
(A l'époque, ce type de poudres et de gaz était en vente libre
dans n'importe quel laboratoire américain, européen ou russe).
Ce n'est pas sa faute: il est passionné de Sciences. De chimie et de biologie surtout!
Les Kurdes du Nord étant agités, il les calme:
des dizaines de milliers de morts dont la plupart gazés avec ses nouvelles armes chimiques.
Ce n'est pas sa faute, il n'aime pas les Kurdes.
Et puis il faut bien expérimenter ses nouveaux joujous.
Les Chiites du Sud s'agitant à leur tour, il les calme de la même manière.
Nombre de victimes inconnu. Mais la répression est sanglante:
plusieurs dizaines de milliers de morts.
Ce n'est pas sa faute: il n'aime pas les Chiites non plus.
Ayant échoué avec l'Iran, il envahit le Koweit
(pour lui chiper son pétrole: chez lui c'est une obsession)
et en prend plein la gueule.
Pardon: son peuple en prend plein la gueule, pas lui.
Nombre de victimes inconnu.
Ce n'est pas sa faute: il est un peu bagarreur.
Avant de partir, histoire de n'être pas venu pour rien,
il met le feu à 700 puits de pétrole et aux oléoducs
et vide une raffinerie dans le Golfe:
8 millions de tonnes de pétrole (8'000'000) forment un tapis de pétrole de 3000 km2
(les pollutions du "Prestige" ou de l'"Amoco Cadiz"étaient une vraie rigolade à côté!)
Ce n'est pas sa faute: il s'intéresse à l'Ecologie.
Depuis sa prise de pouvoir, les salles de torture ne désemplissent pas,
les suspects font la queue à la porte comme il y a 3000 ans.
Mais les civilisations passent, les hommes trépassent et les techniques changent.
En ce domaine, l'imagination des Irakiens a toujours été sans limites:
