Lambert surtaxe les paquets les moins chersAu Sénat, le ministre du Budget fait discrètement adopter un amendement qui ravit les cigarettiers.
C'est un petit jeu de vases communicants auquel s'est livré Alain Lambert dans la nuit de mercredi à jeudi. Par un amendement gouvernemental au projet de loi de finances 2004 débattu au Sénat, le ministre délégué au Budget a augmenté la «part spécifique», qui est une taxe fixe, quel que soit le prix de vente du tabac, au détriment de la part «proportionnelle» du droit de consommation qui frappe pour environ 60 % le prix du tabac en France. Résultat, pour une même hausse globale de la fiscalité (environ 300 millions d'euros), ce sont les cigarettes les moins chères qui subiront, à partir du 5 janvier, la hausse la plus importante. C'est ce que le ministre appelle «mieux répartir la hausse de la fiscalité entre les cigarettes les moins chères et les plus chères». Les jeunes accrocs aux marques premiers prix apprécieront. A Bercy, on répond que renchérir l'accès au tabac pour les jeunes correspond à une bonne politique de santé publique.
Concrètement, les prix des cigarettes auront donc tendance à se resserrer sous l'effet de la fiscalité. Pour les cigarettiers, elle aura pour effet d'éviter de voir les fumeurs de Dunhill, à forte marge, se reporter sur les Gauloises blondes, moins profitables. Et même si Bercy jure qu'aucune négociation préalable n'a eu lieu avec les fabricants de cigarettes, force est de constater que Altadis (ex-Seita) annonçait dès mercredi après-midi qu'il était prêt à faire un effort. Engagement renouvelé hier : «Compte tenu de cette moindre hausse [des taxes], nous sommes prêts pour calmer la situation, à faire un geste et étaler la hausse en 2004, avec une première étape en janvier d'environ 9 % et une autre en juillet», a annoncé Altadis hier.
Le 5 janvier 2004, les Gauloises devraient augmenter de 9,52 % à 4,60 euros. Pour juillet, Bercy parie sur 5 à 6 %, car, confie un haut fonctionnaire, «les marchands de cigarettes ont gonflé les effets de la fiscalité en annonçant une hausse de 20 % du prix du paquet. Selon nos calculs, la répercussion mécanique de la hausse des taxes devrait amener une augmentation moyenne du tabac de 16 % environ».
la sourcela même info écrite d'un point de vue économique