Les nettoyeurs ( c'est nos clowns ) du Net sont de retour
Dans le paquet de décisions, de lois et de projets de loi que le gouvernement Raffarin compte déjà à son actif, et qui pourraient avantageusement être regroupés sous le titre générique "On va se gêner", il aurait été étonnant qu'Internet soit épargné. Avec le projet de loi dit "de confiance dans l'économie numérique", ou LEN, tout ce contre quoi on s'était déjà battu sous le gouvernement Jospin nous revient en pleine figure, sous sa forme la plus décomplexée : les hébergeurs seront responsables des contenus qu'ils hébergent, invités à juger, sur des millions de pages, ce qui sera "licite" et ce qui ne le sera pas, prérogative qui les dépasse quelque peu ; les courriers électroniques, contre l'évidence, ne seront plus considérés comme de la correspondance privée...
Cette privatisation de la justice, qui foule aux pieds le droit à la liberté d'expression, et cette atteinte grave à la vie privée suscitent bien peu de réactions. Personne ne semble les avoir très bien comprises, pas même ceux qui les ont votées ou qui vont les voter (adopté en seconde lecture à l'Assemblée Nationale le 8 janvier, le texte passera en seconde lecture au Sénat le 12 février). Hier soir, sur France-Inter, on jugeait que le grand sujet en matière d'Internet, pour le moment, celui qui méritait qu'on lui consacre une émission entière, c'était la "fracture numérique" (ça, ça fait partie des thèmes pavloviens répertoriés dans les petites fiches des journalistes à la rubrique "Internet"). Quand, en fin d'émission, un auditeur a mis la LEN sur le tapis - il n'avait pas tout compris, mais il était inquiet : il avait entendu dire que ça allait ramener la législation de la France en matière d'Internet au niveau de celle de la Chine... -, la confusion a été totale. Un intervenant a fini par glapir qu'il fallait bien que les parents aient la garantie que leurs enfants, en surfant, ne tomberaient pas, par exemple, sur des sites pornographiques... Aberration totale, évidemment, puisque la LEN ne va certainement pas éradiquer le porno du Net (une loi de "confiance dans l'économie numérique" qui démolirait la clef de voûte de l'économie numérique, ça serait comique !). Mais, comme d'habitude, les chères têtes blondes ont bon dos : on s'empresse de les jeter dans les pattes de tous ceux qui oseraient s'opposer à l'aseptisation marchande du réseau. Il leur est pourtant bien plus facile de tomber sur du contenu traumatisant en allumant la télévision qu'en naviguant sur Internet, où il faut déjà l'avoir cherché...
Au vu de l'uniformisation galopante et de la stagnation, voire de la décrépitude, de la sphère médiatique depuis quelques années, on est nombreux à devoir au Net notre salut culturel et intellectuel, à la fois en tant qu'émetteurs et en tant que récepteurs. Et on n'a pas forcément envie de voir remis en question cet espace vital de liberté et d'expérimentation. Vous trouverez ci-après la synthèse réalisée par Propagande.org ainsi que quelques liens pour s'informer, signer des pétitions, etc.
suite de l'articlefauves , otaries , jongleurs , magicien , Mr loyal , et nos clowns sont enfermés dans la cage

hélas , ils essayent d'en fermer avec eux le public (nous)
