CHAPITRE 5
Je me détourna hâtivement de l'écran de l'ordinateur et scrutai l'appartement des yeux en fronçant les sourcils.
Y'avait-t-il quelqu'un?
C'était impossible car j'avais vérifié que j'étais bien seul avant de m'installer au bureau... pourtant...
Perplexe, je me levai discrètement et me dirigeai silencieusement vers la voix tantôt entendue en traversant quelques pièces pour déboucher sur un vaste salon. Et là, affalé sur un moelleux sofa, les pieds sur la table basse tenant dans une main un verre de cognac – d'après la bouteille posée à ses côtés – un homme me fixait en esquissant un large sourire. L'homme, la quarantaine passée, était à première vue grand et mince, ses cheveux bruns impeccablement coiffés étaient mis en valeur par de la brillantine. Ses yeux bleu-gris semblaient enfoncés dans ses orbites et son costard – de la même couleur que ses yeux – paraissait coûter énormément cher.
Si ce n'était ses habits, cet homme ressemblait trait pour trait à celui... qui m'avait vendu cet appartement!
- Monsieur Anderson? Que faîtes-vous ici? Je demanda étonné car personne n'était au courant de mon vrai nom "Shadowman" et surtout pas lui!
Le dénommé Anderson leva son verre dans ma direction et souriant encore, dit:
- Anderson... c'est l'un de mes pseudonymes le plus utilisé... et mon préféré. Vous m'avez reconnu, c'est bien, vous avez l'½il!
Évidemment, il n'avait pas répondu à la question demandée ce qui m’agaça un peu, il poursuivit, tout en déposant son verre, d'une voix grave et harmonieuse:
- Bref, trêve de plaisanteries, Monsieur Shadowman, l'heure est grave, c'est pour cela que je ne puis faire long. Asseyez-vous, je vous en prie.
Pendant que je m'asseyais, Anderson alluma une lampe se trouvant sur le bureau et se leva pour éteindre la lumière du salon avant de regagner rapidement sa place. Me voyant m'impatienter, il engagea derechef la conversation:
- Tout d'abord, laissez-moi me présenter: je m'appelle en réalité Trent et j'exerce le métier... comment va t’on dire... ah oui, le métier d'indicateur, tel que l'a dit ExoDeus.
- Indicateur? M'étonnai-je, ça veut dire que vous n'êtes pas dans la vente immobilière?
Trent rigola:
- Du tout! Ceci est juste l'une de mes couvertures, histoire d'approcher les personnes avec qui je désire m'entretenir afin de me faire... une première impression...
Je hochai la tête:
- En tout cas, bravo. Avoir pu changer de look et d'accent d'une manière si facile est un exploit.
Trent apprécia le compliment et tout en se resserrant un verre, dit:
- Ho, vous savez, après tant d'années d'expérience, ce n'est plus si compliqué, mais merci.
Il but une gorgée mais sentit à nouveau mon regard posé sur lui, Il reposa son verre et me questionna franchement:
- Monsieur Shadowman, si je vous mentionne le nom d'Umbrella, cela vous dit quelque chose?
Je n'en revenais pas: c'était exactement ce que j'étais entrain de chercher sur Internet!
- Oui, bien sûr! D'après les informations que j’ai trouvées, il s'agirait d'une société pharmaceutique banale mais fabriquant en réalité – et en cachette – des armes biologiques/chimiques, n'est-ce pas?
- Tout à fait.
Avant que Trent ne put continuer, j'enchaînai aussitôt:
- Mais le dernier vestige de cette société n'a pas été détruit il y a quelques temps?
- C'est exact, c'est ce que j'allais dire avant que vous me coupiez la parole (Trent fronça les sourcils, à première vue, il n'avait pas l'habitude qu'on lui coupe en pleine phrase) vous m'avez l'air d'être passablement au courant, non?
Je ne dis rien car je demeurai plongé dans mes pensées et devant mon silence, Trent prolongea la discussion:
- Ce sont des rebelles qui ont fait le coup, des "antis-Umbrella" si vous préférez. Une époque, certains d'entre eux ont survécu à Raccoon City, ville maudite par toutes sorte de créatures en liberté, créées par Umbrella. Et ces survivants, à l'aide d'autres protagonistes, se sont vengés en détruisant le dernier Quartier Général.
- Et qui sont ces résistants?
Trent but à nouveau une gorgée de cognac puis répliqua:
- Il s'agit des soldats ExoDeus et Tiago Dos'Santos, ainsi que de Joëlle, une civile... malheureusement, cette dernière a été enlevée.
- Tout ça est très intéressant, fis-je remarquer, mais pourquoi en parler à moi? J'ai rien à voir avec eux et avec cette histoire.
- Vous êtes vous-mêmes une victime d'Umbrella corporation et votre présente mission est d'éliminer tout ce qui touche à cette entreprise et à ses abjectes expériences, telle est votre destinée.
- Mais elle a été détruite pour de bon! M'exclamai-je.
- Oui, peut-être, mais pas sa rivale.
- Laquelle?
Trent vida son verre d'un trait puis se pencha vers moi et me décréta solennellement:
- BioJect, gouverné par Albert Wesker, ancien Capitaine du S.T.A.R.S. déchu de Raccoon City et l'homme qui a kidnappé Joëlle!
Je déglutis, tout devenait clair à mes yeux et d'une petite voix pas très rassurée, je l'interrogeai:
- Et qu'attendez-vous de moi?
- Que vous allez aider ExoDeus et les autres, pardi! Il ne faut pas que BioJect achève ses recherches sur les virus... sinon la Terre courre à sa ruine! Il faut empêcher cela coûte que coûte. Après tout ce que le Caporal ExoDeus et les autres ont fait, vous leur devez bien ceci!
- Et pourquoi devrais-je leur venir en aide?
- Là est toute la question, bien sûr...
Sur ces mots, Trent prit une mallette posée au pied du sofa, l'ouvrit, fouilla dedans et en sortit une photo et une feuille en papier, lui tendit cette dernière.
- Voici les coordonnées où se situe l'avant-poste de BioJect dirigé par Albert Wesker, c'est sûr l'île aux loups. Une fois sur place, arrangez-vous de trouvez le groupe d'ExoDeus, il est venu avec une escouade de soldats, les S.T.A.R.S. de Californie.
Ne sachant pas quoi dire, je me contentai d'approuver de la tête.
- Bien, conclue Trent. Mais avant d'aller là-bas, passez d'abord par l'endroit inscrit en bas à droite de la feuille que vous venez de recevoir.
Je lus les quelques infos et déclarai:
- Allez en Autriche? Pourquoi faire?
Trent me donna la photo tout en se levant et déclara:
- Ne la regardez que lorsque j'aurai quitté cette pièce, mais pas avant. C'est important.
Il soupira avant de continuer:
- Sur ce, je dois y aller, à vous de prendre une décision. Au revoir et bonne chance, Monsieur Shadowman!
Le mystérieux informateur se dirigea vers la porte et quant il fut sur le seuil, je lui demandai:
- Dernière chose, d'où connaissez-vous mon nom de "Shadowman?"
- Trent sait toujours tout...
Et sur ces paroles, il quitta l'appartement une bonne fois pour toute et je détournai mon regard de la porte d'entrée pour le tourner vers la photo, et là, ce fut le choc...sur le côté recto, un homme était visible et tout de suite, des souvenirs émergèrent dans ma tête à toute vitesse et ma vie y défila... l'homme sur la photo n'était autre que...
... Gades pulse, mon demi-frère!