Cette expression qui veut dire jamais fait penser aux calendes grecques.
Il ne faut pas voir dans le mot jeudi une quelconque allusion à l'ancien jeudi des enfants (jour sans école) d'il y a quelques années et qui a été remplacé par le mercredi.
En fait, la semaine des quatre jeudis fut d'abord... la semaine des deux jeudis.
Elle daterait du XV ème siècle et aurait été appelée ainsi parce qu'à l'entrée d'un pape (Benoit XII selon les uns, Eugène III selon les autres) à Paris, qui devait se faire un jeudi, le temps fut si mauvais que la cérémonie fut remise au lendemain vendredi et, ce jour-là, le pape, dans son autorité souveraine, décréta que ce vendredi serait un jeudi et que les Parisiens pourraient ainsi faire gras, d'où la semaine aux deux jeudis.
Au XVI ème siècle, on passa à la semaine des trois jeudis et on peut ainsi lire sous la plume de Rabelais dans le premier chapitre de son Pantagruel : "Cette année-là on trouva des calendes dans les bréviaires des Grecs. Mars ne tomba pas en carême, et la mi-août eut lieu en mai. Au mois d'octobre, il me semble, ou de septembre peut-être (pour éviter toute erreur, ce dont je tiens à me garder soigneusement), eut lieu la semaine, si renommée dans les annales, que l'on nomme la semaine des trois jeudis (car il y en eut trois, pour cause d'anomalie bissextile)..."
Certains ont vu dans la première semaine où un siècle commence par un lundi (comme l'année 1900) la semaine des trois jeudis puisque le premier jeudi sera le premier du mois, de l'année et du siècle. Un peu tiré par les cheveux comme explication puisqu'on peut en dire autant de tous les jours de cette semaine.
Camille Flammarion, dans un article du Figaro du 2 janvier 1892, lui, explique qu'un voyageur qui fait le tour du monde dans le sens est - ouest se trouve en retard d'un jour par rapport à ceux qui sont restés sur place. Il peut donc se croire au jeudi alors qu'il est vendredi. En revanche, celui qui fait le tour dans le sens ouest - est gagne un jour et se croire au jeudi alors qu'il est mercredi. Ces deux faux jeudis ajoutés au jeudi véritable font donc... trois jeudis. Mouais...Bof.
Il n'en reste pas moins vrai que la semaine des trois jeudis devient celle des quatre jeudis au XIX ème siècle.
Victor Hugo recevait ses amis le jeudi. La première fois qu'il invita Monselet, il formula ainsi l'invitation :
Que chez moi désormais, chaque jeudi t'amène.
Et m'adressant à Dieu lui-même,
je lui dis :
fais-nous la semaine,
des quatre jeudis.
Alors ? Partant d'un fait réel (la semaine des deux jeudis), l'inflation des jeudis ne serait-elle ensuite qu'½uvre d'écrivains ? A vous de voir.