THE RED SHOES de Powell & Pressburger
Les “Archers” ont encore misé en plein dans le mille ! Toujours dans le cycle qui leur est consacré dans le cadre de l’Ecran Total, voici une autre de leurs créations, aussi kitsch mais nettement plus émouvante que « Black Narcissus ».
Inspiré par le très joli, mais très triste, conte d’Andersen (ne le sont-ils d’ailleurs pas tous ? Pensons à la « Petite Sirène » ou « la Petite fille aux allumettes » !), l’histoire des « Chaussons Rouges » reproduit non seulement le superbe ballet du chorégraphe Robert Helpmann, ballet très bien introduit dans l’histoire, mais le conte inspire le scénariste Pressburger pour raconter la vie courte et intense de la charmante danseuse Vicky Page et du jeune et talentueux compositeur amoureux d’elle.
La célèbre danseuse Moira Shearer – qui est morte cette année à l’âge de 80 ans - débute dans ce film et crève littéralement l’écran. Sa superbe chevelure rousse flamboie lorsqu’elle danse légère comme un oiseau qui s’envole. Shearer ne tourna que peu de films préférant poursuivre sa carrière de ballerine.
L’histoire malheureuse de Vicky repose tant sur ses épaules que sur celles du comédien Anton Walbrook dans le rôle du directeur-impressario, manipulateur, rancunier, à la limite méphistophélique. D’ailleurs les éclairages de Jack Cardiff, une fois encore, sont absolument parfaits, ils cadrent à merveille avec l’intensité dramatique du caractère de Lermontov, un homme qui a une passion maladive pour le ballet.
Le rôle du jeune compositeur amoureux est interprété par Marius Goring, un jeune acteur anglais qui fit partie de l’Old Vic à Londres. En juin 40, Goring décida de lutter pour son pays ; la BBC l’engagea comme chef de productions, ce qui poussa le jeune homme à utiliser un pseudonyme, son patronyme étant malheureusement tristement célèbre à cette époque !
Dans « The Red Shoes » il est un peu fade et son jeu quelque peu outrancieux, face à Walbrook.
Dans le film le ballet « The Red Shoes », conçu par le chorégraphe Robert Helpmann, avec Powell et Pressburger, est proposé dans son entièreté dans de superbes décors, à la limite de l’onirique, incorporant un numéro dansé sans que cela ne nuise en rien au reste de l’intrigue, ni ne la transforme en comédie musicale. Tant les décors, les costumes que la chorégraphie sont d’une grande modernité et tout cela en 1948 !