« Réponse #1 le: octobre 09, 2004, 05:42:19 »
Un Nobel consensuel
Le prix de la paix a été décerné à Maathai Wangari. Le comité a couronné pour la première fois une femme africaine et évité toute interférence avec l’élection présidentielle américaine.
Maathai Wangari est la première personne défendant la nature à obtenir le Nobel de la paix. / AP
En attribuant hier le Prix Nobel de la paix à la Kenyane Maathai Wangari, le comité de la célèbre institution a élargi le champ des lauréats à la cause écologique, ce qui lui permet au passage d’éviter les sujets qui fâchent à trois semaines de l’élection présidentielle américaine. "C’est la première fois que la question de l’environnement est vraiment inscrite à l’ordre du jour pour l’attribution d’un Prix Nobel de la paix", a déclaré Ole Mjoes, le président du Comité Nobel. "Cette fois-ci, nous avons élargi le concept de paix à la question de l’environnement parce qu’un bon cadre de vie est, à notre avis, nécessaire pour façonner la paix dans le monde", a-t-il expliqué.
Prenant le contre-pied des experts qui avaient pronostiqué la "victoire" de travaux contre la prolifération nucléaire, le Comité Nobel a défriché un terrain inexploré pour la deuxième année consécutive: première femme africaine et première écologiste à recevoir le Prix, Maathai Wangari succède à l’Iranienne Shirin Ebadi, première femme musulmane à avoir été récompensée.
Contre la déforestation
"Je pense que cela correspond surtout à un nouveau schéma qui consiste à récompenser des individus peu connus œuvrant pour des bonnes causes", a commenté Stein Toennesson, directeur de l’Institut de recherche pour la paix d’Oslo (PRIO).
Largement renouvelé l’an dernier, le Comité Nobel compte désormais trois femmes parmi ses cinq membres, a-t-il observé, et il "est moins intéressé par la grande politique internationale que les précédents". Les lauréates Maathai Wangari et Shirin Ebadi, relativement peu connues avant de recevoir le Nobel, ont en effet été précédées par des poids lourds de la scène diplomatique, tels que l’ancien président américain Jimmy Carter et le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.
La lauréate de l’édition 2004 a, quant à elle, acquis ses lettres de noblesse en luttant contre la déforestation, un facteur de pauvreté et d’instabilité pour la paix en Afrique.
A priori consensuel, le Prix de Maathai Wangari permet aussi au Comité Nobel d’éviter d’être taxé d’ingérence dans l’élection présidentielle américaine du 2novembre, après trois éditions qui se sont traduites par des désaveux du gouvernement en place. Lauréat 2001, Kofi Annan avait estimé qu’il ne serait "pas sage" d’attaquer l’Irak. L’année suivante, le président du Comité Nobel avait expliqué que le Prix de Jimmy Carter était "un coup de pied" en direction de l’administration Bush.
Et, l’an dernier, Shirin Ebadi avait saisi l’occasion pour s’élever contre "certains Etats" qui "ont violé les principes universels et les droits de l’homme en utilisant les événements du 11septembre et la guerre contre le terrorisme international comme prétextes".
Aucun message
Cette fois-ci, le choix du Comité Nobel et ses justifications ne recèlent apparemment aucun message, même allusif, contre George Bush. "Ces dernières années, le Prix Nobel a donné lieu à des critiques de l’administration américaine. Faire une pause dans ces critiques a pu sembler raisonnable" aux membres du Comité Nobel, a souligné M.Toennesson. "Le Prix Nobel de la paix est décerné pour quelque chose de positif", pas contre telle ou telle administration, a répondu M.Mjoes, interrogé sur cette pause dans les critiques visant le président américain.
Pour Espen Barth Eide, chercheur à l’Institut norvégien des affaires internationales (NUPI), la critique, si critique il y a, s’adresserait plutôt au monde occidental dans son ensemble. "Le Prix est devenu un peu moins centré sur l’Occident", a-t-il déclaré.
la source -> www.24heures.ch
